Duo iconique de la rave, Minimum Syndicat – label et binôme formés en 2008 – se sont prêtés au jeu de l’interview dans le cadre de la DreamNation festival XXS

Si vous deviez décrire Minimum Syndicat en 3 mots pour nos lecteurs ?

Rave canal historique.

D’ailleurs, on connait l’histoire de votre rencontre parisienne et de vos débuts, mais « Minimum Syndicat » ça vient d’où ?

C’était à l’origine le nom d’un collectif plus large (incluant des djs, vj, l’organisation de soirées…). Ça s’est rapidement stabilisé sur le projet actuel, composé de deux personnes et recentré sur le label, la production et le live. Concernant la signification, elle s’est perdue dans les limbes du temps…

Vous roulez votre bosse depuis plus de dix ans maintenant : quel regard portez-vous sur l’évolution de la scène électronique au sens large sur les dernières années ? Plutôt enjoué par un spectre de possibilités toujours plus large ou angoissé par son développement massif ?

Dix ans si on parle de MS, mais bien plus en réalité. Les dérives qu’on peut constater ne sont pas propres à cette scène, c’est plus vaste. Le formatage, la perte de toute “mystique” dans la musique au profit d’un consumérisme abêtissant, le triomphe du marketing et du paraitre… Dans la techno ça se traduit par un renoncement à une certaine radicalité, tant vis-a-vis des codes de l’industrie musicale que dans les sons (c’est pas parce qu’il y a un gros kick ou que ça trace à 160 bpm que ce n’est pas de la soupe…). Ça c’est pour la partie émergée de l’iceberg, car il suffit de se perdre sur Bandcamp pour tomber sur plein de choses stimulantes.

Ce renouveau de l’esprit rave que vous avez toujours vaillamment défendu et dont vous êtes un des fers de lance vous amène à toucher un public plus large et des scènes davantage éclectiques : aviez-vous anticipé l’aspect cyclique de la chose ou vous vous êtes juste laissés porter par la passion sans vraiment y porter d’attention particulière ?

On voyait venir un revival du son techno des années 90, tout comme l’underground des “eighties” est redevenu une inspiration pour beaucoup de monde à un moment. Mais on n’imaginait pas que ce serait dans de telles proportions. En gros, on attendait une vague et on a eu un tsunami.

En un sens, ce n’est pas surprenant. Cette musique a toujours eu le potentiel pour devenir énorme. Il y a 25-30 ans, c’était déjà un mouvement important, mais à une échelle underground. Les gens qui venaient à tout ça avaient une sensibilité alternative, ça parlait aux freaks, à des jeunes plus curieux que la moyenne qui voulaient autre chose. Aujourd’hui ça ratisse large, et les enjeux financiers sont plus importants. Il y a donc moins de prise de risques et les opportunistes débarquent en masse. C’est le jeu hélas…

Vous avez changé votre manière d’appréhender la musique que vous jouez et produisez de fait aujourd’hui ?

On a un peu évolué dans la manière dont on produit les choses. Mais notre son entretient sa différence et reste fidèle à ses origines. C’est ce qui sort quand tu nous mets des machines entre les mains. Le moteur est un amour pour cette forme de techno, il n’y a pas de calcul, sinon on aurait fait autre chose !

Avec tous ces mois à rester dans l’ombre cette année, des choses laissées de côté trop longtemps qui vont devenir de futurs projets ? 

Comme beaucoup on a mis à profit cette période étrange pour faire plus de studio. Nous finalisons les détails de notre premier LP, et d’autres sorties sont attendues sur divers labels. Dans quel contexte tout ça va sortir, aucune idée…

Pour finir, un petit message à passer à tous les festivaliers du Dreamnation – et à nous parce qu’on sera là bien entendu – qui viendront sur le techno stage en septembre prochain ?

Les ambitions ont été revues à la baisse à cause du contexte mais je pense qu’il y a quand même moyen de faire une belle fête.

Et en bonus … un petit coup de cœur musical à partager pour nous faire patienter ?

Ce morceau d’electro génialement baisé redécouvert récemment dans un vieux mix de Dave Clarke. Un ovni !