Pratiquement une décennie de recherches aura été nécessaire pour que les réalisateurs britanniques, Bernard MacMahon et Allison McGourty, parviennent à mettre sur pied leur projet ambitieux: American Epic. La série documentaire a eu droit à sa première la semaine passée, à l’occasion de l’édition 2016 du festival Sundance. Les chanceux qui ont assisté à la projection ont pu se plonger dans les Etats-Unis de la fin des années 20, période charnière dans l’histoire de la musique moderne américaine. Notamment porté par Jack White, producteur exécutif ici, le programme devrait être diffusé courant 2016 sur PBS. Tour d’horizon.

Un documentaire pour deux histoires.

La première, c’est celle de l’éclosion de la musique moderne aux Etats-Unis, à l’aube des années Roosevelt et de la Grande Dépression. Pour faire face à la prolifération des radios, garantissant dès lors un accès gratuit à la musique, les maisons de disques écumèrent le sud du pays à la recherche de nouvelles sonorités. Le documentaire nous fait revivre ce périple, via des séquences inédites dans lesquelles on peut voir de modestes familles sudistes enregistrer la bande son d’une culture naissante; celle, entre autres, des musiques Blues, Country et Folk. Plus que l’émergence d’un mouvement artistique populaire, American Epic met en lumière un exemple historique du processus démocratique à son zénith. Donner une voix au Sud à cette époque, majoritairement rural et bien plus pauvre que le nord industriel, a permis la démocratisation de la musique ainsi que l’avènement d’un nouvel horizon musical, sans lequel Rock’n’Roll, Pop, R’n’B ou encore Hip-Hop n’auraient probablement jamais vu le jour.

Jack White & Taj Mahal au festival Sundance, pour la première d'American Epic. (© The Salt Lake Tribune)

Jack White & Taj Mahal au festival Sundance, pour la première d’American Epic. (© The Salt Lake Tribune)

Au delà de l’aspect historique, American Epic se penche aussi sur les méthodes d’enregistrement de l’époque. Pour le compte du documentaire, l’équipe de production s’est même amusée à reconstituer la réplique de la machine qui immortalisa le son de l’entre-deux-guerres. L’atmosphère musicale  des années 1920 est reproduite au moindre détail; mêmes micros, mêmes amplis. Ainsi, des artistes tels que les Avett Brothers, White lui-même, Elton John, Taj Mahal ou encore Nas se voient offrir une opportunité unique: enregistrer dans les mêmes conditions que leurs aînés et retrouver le son brut caractéristique de ces années.

 

 

 

Jack White… évidemment !

Côté production exécutive on retrouve donc Jack White, mais aussi Robert Redford (créateur du Sundance) et T Bone Burnett. On ne s’étonne pas vraiment de la participation de l’ancien frontman des Whites Stripes. Après quelques indices parsemés sur le second album des Raconteurs, Consoler of the Lonely, c’est sur ses deux premiers albums solos qu’il clame réellement ses influences Country et Folk.

Deux éléments nous poussent à croire que White a toujours eu un certain intérêt pour les techniques d’enregistrement. A l’occasion du Disquaire Day 2014, il s’est lancé, avec son propre label, le défi de sortir le deux titres le plus rapide de l’histoire. Comme cette vidéo l’atteste, quatre heures auront suffi; de l’enregistrement à la phase de distribution. Un peu plus tard la même année, il a produit un album de reprises folk interprétées par Neil Young. Pour se faire, toutes les chansons ont été enregistrées dans une cabine datant des années 40.

Si on ajoute à tout cela sa participation au documentaire It Might Get Loud,  véritable référence pour tous les amateurs de guitare électrique, on aurait presque pu s’étonner de ne pas voir Jack White  invité sur American Epic.

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